Pouce !
- JBap
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Le truc bien avec le cello, c que la bonne position, c la position la +naturelle possible... autrement dit, ds les positions du pouce, c d'avoir le poignet ds le prolongement de l'avant-bras, ni cassé ni bombé. Un bon truc pr comprendre quelle est la position naturelle, c de mettre sa paume vers le ciel, en laissant les doigts là où il veulent être, puis de retourner l'avant-bras ds la position de jeu en laissant aller les doigts et en retenant juste le poignet pour qu'il reste dans le prolongement de l'avant-bras, sans cassure. Voilà, la position, c ça
- Pierre LAGOUTTE
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J'ai lu tous vos messages relatifs aux positions "du pouce", avec une grande attention. Je n'avais pas a priori l'intention de participer à cette étude, mais la sympathique invitation de
Et comme d'habitude, j'ai plein de choses à dire sur le placement du pouce comme doigt actif. Je vais donc reprendre quelques uns de vos messages, dans l'ordre chronologique, mais après des considérations pédagogiques d'ordre plus général:
Vous donnez, sur le net, toutes sortes de petites recettes-astuces. J'admire leur richesse d'imagination, mais elles ont peu de valeur scientifique, sauf quelquefois, par un heureux hasard.
En voulez-vous une preuve?
Observez comment, à la poste ou à la banque, les gens tiennent leur instrument à écrire. On est stupéfié par la diversité aberrante de ces tenues: index fléchi "à l'envers", instrument serré entre le pouce et l'index, au fond de la commissure, ou tenu entre l'index et le majeur. J'en passe et des meilleures. J'observe attentivement ces tenues anti-physiologiques et j'ai souvent envie d'avoir avec moi mon appareil photo pour garder une trace de ces tenues fautives. On devine la figure des intéressés si je prenais cette liberté!
Et pourtant, ces gens écrivent plus vite et mieux que moi, qui prétends tenir bien mon crayon à bille.
J'ai vu, une fois, dans les bureaux de poste, une affiche publicitaire... pour la poste, qui représentait une main tenant - de façon parfaite - un instrument à écrire. J'avais récupéré l'une de ces affiches pour ma documentation.
La biomécanique montre que les mains des instrumentistes, violoncelle mais bien d'autres (je pense aux trompettistes) fonctionnent avec une certaine habileté malgré toutes sortes de défauts dont les musiciens ne se rendent pas compte, et qu'ils érigent parfois en règle d'apprentissage et d'enseignement.
Ma démarche sera, à l'inverse d'un simple empirisme, rigoureusement scientifique. Elle s'appuie sur une bonne connaissance du fonctionnement de la main, du membre supérieur, du corps entier. Il s'agit de biomécanique, une discipline trop inconnue dans les conservatoires.
Sous cet angle d'analyse, venons-en au placement du pouce sur les cordes, en reprenant, comme je l'ai dit vos messages dans l'ordre chronologique.
Ca ne devrait pas faire partie de l'apprentissage du violoncelle. On a trop souvent dit à ceux qui avaient une douleur à l'épaule droite lorsqu'ils jouaient un peu longtemps sur la corde de la qu'ils devaient persévérer, que la douleur finirait par disparaître. C'est comme ça qu'un article du "Monde de la Musique" a pu titrer "Les conservatoires ont formé des générations d'éclopés".
Ceci vaut pour les messages de cellosoleil, de bh et de solène (26 mars).
Pour
Alors, là, j'entre dans le vif du sujet. Si on a une "boule de corne" sur le côté du pouce, c'est qu'on a mal appris à placer le pouce sur les cordes! Le plus souvent, on aborde le placement du pouce avec le coude gauche haut, donc le bras haut, et... on appuie le pouce sur les cordes. Il en résulte qu'on appuie trop, bien plus que le simple blocage des deux cordes (ou d'une seule comme nous le verrons tout à l'heure) ne le nécessite. De plus, on exerce cette pression excessive avec le côté de la seconde phalange du pouce, là où la chair est peu épaisse, où elle n'est pas faite pour ça!
En outre, au début de l'étude des positions du pouce, on tient le pouce en appui assez longtemps pour placer les doigts suivants car on n'a pas encore de virtuosité et c'est source de fatigue.
Tous ces éléments concourent à mettre le côté du pouce en situation de "défense". Et la nature sait ce qu'elle a à faire pour se protéger. Ce sont les ampoules aux pieds dans les mauvaises chaussures, ou aux mains dans la manipulation trop répétitive de certains outils. Sur le côté du pouce, il se forme plutôt une callosité, qui est un durcissement de la peau.
Comment éviter la formation de cette callosité?
Tout est dans la façon de placer le pouce sur la ou les cordes. En gros, on peut soit appuyer le pouce en maintenant le coude (donc le bras) immobilisé à une certaine hauteur, soit placer le pouce sur la ou (les) cordes et laisser le coude, donc le bras, descendre pour qu'il exerce sa pesée passive sur la colonne du pouce.
J'ai déjà expliqué plusieurs fois dans ce forum que dans le premier cas on fait travailler les muscles du bras (sens strict), de l'avant-bras et de la main (du pouce en l'occurence), en situation de contraction ("course interne") tandis que la seconde solution fait travailler ces mêmes muscles en situation d'étirement, de résistance à un effort d'allongement (travail dit "en course externe").
On le comprendra aisément: le travail en étirement est plus économique en énergie que le travail en contraction de raccourcissement, et il permet un meilleur contrôle de la précision du mouvement. On peut en particulier doser l'appui du pouce sur la ou (les) corde(s), donc éviter tout excès qui développerait la formation d'une callosité.
Avant de régler le problème de une ou deux cordes, terminons-en avec le placement général du pouce.
Une expérience simple fera comprendre ce que je viens d'expliquer. Asseyez -vous devant une table et amenez votre main gauche, paume en bas (main en pronation) sur cette table, coude fléchi devant vous. Votre pouce viendra se poser à côté de l'index. Ensuite, vous allez vous occuper de lui en particulier. Pressez-le volontairement sur la table, par le côté de sa seconde phalange, comme vous le feriez sur les cordes du cello, et résistez avec l'avant-bras et le bras. Appuyez le plus fortement possible le pouce sur la table et prenez conscience de l'intensité des contractions musculaires. Vous aurez réalisé le premier des placements du pouce décrit ci-dessus (course interne).
Ensuite, tout en gardant le pouce sur la table, abandonnez progressivement le bras et l'avant-bras à leur pesanteur passive. Empêchez le poignet de s'effondrer et gardez la colonne du pouce ferme. Ce sera la seconde façon de placer le pouce sur les cordes (course externe). Par la même occasion, remarquez que vos quatre doigts restent parfaitement libres de leurs mouvements, et faites-les "pianoter" sur la table.
A cet endroit de ma démonstration, je dois évoquer le message de lilla mu.
Il présente un double intérêt et me permet de justifier deux points de mon exposé.
1 -
On remarquera cependant que lorsqu'on amène le pouce sur deux cordes à la fois, il n'est pas nécessairement en appui égal sur ces deux cordes mais plutôt sur la corde la plus grave, et que cela ne perturbe pas la sonorité si l'on doit passer de l'une à l'autre de ces deux cordes car l'appui est toujours suffisant sur chacune des cordes. Je signale que Paul Tortelier avait envisagé, dans son traité "How I Play, How I Teach", ouvrage dont j'ai déjà parlé plusieurs fois dans ce forum, le placement du pouce sur une ou deux cordes. Dans une liste de symboles qui figure au début du traité, il propose un signe particulier pour chaque placement, et l'on retrouve ces signes dans certains exercices qu'il a imaginés.
Je viens de dire que la seconde phalange s'ouvre en forte extension sur la première dans le jeu du pouce aux positions du pouce.
Ouvrons un ouvrage de physiologie... Le pouce est le doigt le plus mobile de la main. Sa fonction essentielle est l'opposition à chacun des doigts ou à divers groupements de doigts. Pour cela, il fait un ample mouvement qui amène la pulpe de sa dernière phalange sur la pulpe de chacun des doigts. Ce large mouvement est appelé la "grande course d'opposition" du pouce. Elle est beaucoup utilisée dans le jeu du violoncelle aux positions "du manche".
Dans le jeu du pouce-sillet, il reste à côté de l'index, et même sa première phalange est plus ou moins "collée" à ce doigt. Ce mouvement est une partie de la "petite course d'opposition" du pouce. Elle donne au pouce une ferme stabilité par rapport à l'index et donc au placement de la main. Cette petite course d'opposition se voit nettement sur un tableau qui représente Jean-Louis Duport en train de jouer à une position du pouce-sillet (tableau atrribué à Madame Vigée-Lebrun et qui appartient à la collection du grand pédagogue Dimitry Markevitch, que j'ai rencontré lors d'une master-classe qu'il a donnée dans ma région).
2 - Seconde observation de la prof finlandaise: le placement du pouce sur la seule corde de la permet de laisser tomber le poignet très bas
Il y a de quoi surprendre ceux qui veulent à tout prix aligner la main et l'avant-bras lorsqu'on joue avec le pouce "sillet". Et l'on peut comprendre l'embarras de lilla mu en face de conseils contradictoires. En fait, les deux conseils ne sont pas contradictoirest. Ils sont complémentaires, ce que les profs ne savent pas expliquer faute d'une connaissance élémentaire de la biomécanique.
Les conseils de la prof finlandaise concernent le début d'apprentissage dans l'utilisation du pouce-sillet. Ils correspondent strictement à ce que j'ai appelé tant de fois le JEU BAS, c'est à dire à un jeu "en suspension", coude pendant.
A l'inverse, le jeu du pouce : main alignée à l'avant-bras, qui nécessite une importante élévation du coude, donc du bras, est ce que j'appelle le JEU HAUT.
Et ben voilà! C'est ce que dit la prof finlandaise
A mesure qu'on acquiert de l'habileté dans l'utilisation du pouce-sillet, on passe du JEU BAS au JEU HAUT. Si je ne craignais pas de surprendre et de choquer, je dirais que la prof finlandaise a échappé à "l'école française du violoncelle".
Dernier point de mon exposé: comment passer des positions du manche à celles du pouce-sillet de façon continue, sans enlever la main?
Ce sera encore par le JEU BAS, sur la corde de la, une seule corde à la fois, et coude tombant. On amène l'index à la quatrième position: note mi3, pouce placé dans l'arrondi du manche. Ensuite, en gardant l'appui de l'index à la corde, on déplace le pouce et on l'amène sur la touche, contre l'index.
La phase suivante consiste à substituer l'appui du pouce à celui de l'index, sans déplacement, mais toujours en situation de suspension du bras.
La phase finale consiste à faire glisser le pouce sur la corde jusqu'à son arrivée au la 3 (milieu de la corde comme chacun sait). En glissant, le pouce continue de soutenir le poids de l'avant-bras et du bras. Sa puissante musculature le lui permet aisément. (Le pouce est mobilisé par neuf muscles). On comprendra aisément que le retour de la position du pouce-sillet à la quatrième position se fait par la substitution de l'index au pouce pendant un glissement "descendant".
J'en termine en disant que Paul Tortelier, décidément esprit inventif, avait imaginé de faire creuser sur le bord de la touche, côté extérieur, une rainure longitudinale qui était censé guider le passage du pouce vers la touche. Ah, s'il avait connu le JEU BAS!
m'a décidé à "prendre la plume", en l'occurence à mettre la main au clavier!cellosoleil a écrit :Mr Lagoutte aurait-il des conseils à me donner ?
Et comme d'habitude, j'ai plein de choses à dire sur le placement du pouce comme doigt actif. Je vais donc reprendre quelques uns de vos messages, dans l'ordre chronologique, mais après des considérations pédagogiques d'ordre plus général:
Vous donnez, sur le net, toutes sortes de petites recettes-astuces. J'admire leur richesse d'imagination, mais elles ont peu de valeur scientifique, sauf quelquefois, par un heureux hasard.
En voulez-vous une preuve?
Observez comment, à la poste ou à la banque, les gens tiennent leur instrument à écrire. On est stupéfié par la diversité aberrante de ces tenues: index fléchi "à l'envers", instrument serré entre le pouce et l'index, au fond de la commissure, ou tenu entre l'index et le majeur. J'en passe et des meilleures. J'observe attentivement ces tenues anti-physiologiques et j'ai souvent envie d'avoir avec moi mon appareil photo pour garder une trace de ces tenues fautives. On devine la figure des intéressés si je prenais cette liberté!
Et pourtant, ces gens écrivent plus vite et mieux que moi, qui prétends tenir bien mon crayon à bille.
J'ai vu, une fois, dans les bureaux de poste, une affiche publicitaire... pour la poste, qui représentait une main tenant - de façon parfaite - un instrument à écrire. J'avais récupéré l'une de ces affiches pour ma documentation.
La biomécanique montre que les mains des instrumentistes, violoncelle mais bien d'autres (je pense aux trompettistes) fonctionnent avec une certaine habileté malgré toutes sortes de défauts dont les musiciens ne se rendent pas compte, et qu'ils érigent parfois en règle d'apprentissage et d'enseignement.
Ma démarche sera, à l'inverse d'un simple empirisme, rigoureusement scientifique. Elle s'appuie sur une bonne connaissance du fonctionnement de la main, du membre supérieur, du corps entier. Il s'agit de biomécanique, une discipline trop inconnue dans les conservatoires.
Sous cet angle d'analyse, venons-en au placement du pouce sur les cordes, en reprenant, comme je l'ai dit vos messages dans l'ordre chronologique.
En général, on attend d'avoir maîtrisé au moins les quatre premières positions avant d'aborder le pouce. Cela me paraît une erreur. Certains pédagogues font aborder le pouce-sillet très tôt, presque en même temps que les premières positions. Ils disent - et j'approuve - que ça donne une meilleure continuité à l'exploration de la touche, que ça évite aux élèves une sorte de "dépaysement", une cassure dans l'apprentissage de la main gauche. (Je montrerai plus loin comment de toute façon, on évite la cassure et l'on peut passer de façon continue des positions "du manche" à celles "du pouce".cellosoleil a écrit :j'ai attaqué ce soir les positions du pouce
c'était pour fêter mes dix-huit mois de cours.
Alors, ça, c'est la vieille théorie du "No pain, no gain!" (Il faut nécessairement souffrir pour apprendre). J'ai lu plusieurs articles sur le sujet dans la revue "The Strad"... où l'on n'est pas d'accord. A la rigueur, quand je vois ce qu'on demande aux petits rats de l'opéra, ce qu'ils endurent, on est bien dans "No pain, no gain".solène a écrit :le mieux, c'est quand on commence à avoir de la corne... le bonheur de se dire qu'on n'aura (presque) plus mal!!
Ca ne devrait pas faire partie de l'apprentissage du violoncelle. On a trop souvent dit à ceux qui avaient une douleur à l'épaule droite lorsqu'ils jouaient un peu longtemps sur la corde de la qu'ils devaient persévérer, que la douleur finirait par disparaître. C'est comme ça qu'un article du "Monde de la Musique" a pu titrer "Les conservatoires ont formé des générations d'éclopés".
Ceci vaut pour les messages de cellosoleil, de bh et de solène (26 mars).
Pour
etlilla mu a écrit :cette boule de corne"
en perspective!cellosoleil a écrit : un peu rouge mon pouce ! je vais avoir une bosse horrible
Alors, là, j'entre dans le vif du sujet. Si on a une "boule de corne" sur le côté du pouce, c'est qu'on a mal appris à placer le pouce sur les cordes! Le plus souvent, on aborde le placement du pouce avec le coude gauche haut, donc le bras haut, et... on appuie le pouce sur les cordes. Il en résulte qu'on appuie trop, bien plus que le simple blocage des deux cordes (ou d'une seule comme nous le verrons tout à l'heure) ne le nécessite. De plus, on exerce cette pression excessive avec le côté de la seconde phalange du pouce, là où la chair est peu épaisse, où elle n'est pas faite pour ça!
En outre, au début de l'étude des positions du pouce, on tient le pouce en appui assez longtemps pour placer les doigts suivants car on n'a pas encore de virtuosité et c'est source de fatigue.
Tous ces éléments concourent à mettre le côté du pouce en situation de "défense". Et la nature sait ce qu'elle a à faire pour se protéger. Ce sont les ampoules aux pieds dans les mauvaises chaussures, ou aux mains dans la manipulation trop répétitive de certains outils. Sur le côté du pouce, il se forme plutôt une callosité, qui est un durcissement de la peau.
Comment éviter la formation de cette callosité?
Tout est dans la façon de placer le pouce sur la ou les cordes. En gros, on peut soit appuyer le pouce en maintenant le coude (donc le bras) immobilisé à une certaine hauteur, soit placer le pouce sur la ou (les) cordes et laisser le coude, donc le bras, descendre pour qu'il exerce sa pesée passive sur la colonne du pouce.
J'ai déjà expliqué plusieurs fois dans ce forum que dans le premier cas on fait travailler les muscles du bras (sens strict), de l'avant-bras et de la main (du pouce en l'occurence), en situation de contraction ("course interne") tandis que la seconde solution fait travailler ces mêmes muscles en situation d'étirement, de résistance à un effort d'allongement (travail dit "en course externe").
On le comprendra aisément: le travail en étirement est plus économique en énergie que le travail en contraction de raccourcissement, et il permet un meilleur contrôle de la précision du mouvement. On peut en particulier doser l'appui du pouce sur la ou (les) corde(s), donc éviter tout excès qui développerait la formation d'une callosité.
Avant de régler le problème de une ou deux cordes, terminons-en avec le placement général du pouce.
Une expérience simple fera comprendre ce que je viens d'expliquer. Asseyez -vous devant une table et amenez votre main gauche, paume en bas (main en pronation) sur cette table, coude fléchi devant vous. Votre pouce viendra se poser à côté de l'index. Ensuite, vous allez vous occuper de lui en particulier. Pressez-le volontairement sur la table, par le côté de sa seconde phalange, comme vous le feriez sur les cordes du cello, et résistez avec l'avant-bras et le bras. Appuyez le plus fortement possible le pouce sur la table et prenez conscience de l'intensité des contractions musculaires. Vous aurez réalisé le premier des placements du pouce décrit ci-dessus (course interne).
Ensuite, tout en gardant le pouce sur la table, abandonnez progressivement le bras et l'avant-bras à leur pesanteur passive. Empêchez le poignet de s'effondrer et gardez la colonne du pouce ferme. Ce sera la seconde façon de placer le pouce sur les cordes (course externe). Par la même occasion, remarquez que vos quatre doigts restent parfaitement libres de leurs mouvements, et faites-les "pianoter" sur la table.
A cet endroit de ma démonstration, je dois évoquer le message de lilla mu.
Il présente un double intérêt et me permet de justifier deux points de mon exposé.
1 -
C'est en effet, une bonne situation d'apprentissage car la callosité risque moins d'apparaître sur une seule corde que sur deux. La plupart des professeurs font commencer l'étude du pouce en le mettant "en sillet" sur les deux cordes intermédiaires en même tempslilla mu a écrit :Ma prof en Finlande m'a dit... qu'il valait mieux avoir le pouce seulement sur la corde de la
La seconde phalange du pouce est alors perpendiculaire à ces deux cordes. Elle s'ouvre largement sur la première phalange (pouce dit "du potier" ou "de l'autostoppeur").lilla mu a écrit :le pouce sur ré et la en même temps
On remarquera cependant que lorsqu'on amène le pouce sur deux cordes à la fois, il n'est pas nécessairement en appui égal sur ces deux cordes mais plutôt sur la corde la plus grave, et que cela ne perturbe pas la sonorité si l'on doit passer de l'une à l'autre de ces deux cordes car l'appui est toujours suffisant sur chacune des cordes. Je signale que Paul Tortelier avait envisagé, dans son traité "How I Play, How I Teach", ouvrage dont j'ai déjà parlé plusieurs fois dans ce forum, le placement du pouce sur une ou deux cordes. Dans une liste de symboles qui figure au début du traité, il propose un signe particulier pour chaque placement, et l'on retrouve ces signes dans certains exercices qu'il a imaginés.
Je viens de dire que la seconde phalange s'ouvre en forte extension sur la première dans le jeu du pouce aux positions du pouce.
Ouvrons un ouvrage de physiologie... Le pouce est le doigt le plus mobile de la main. Sa fonction essentielle est l'opposition à chacun des doigts ou à divers groupements de doigts. Pour cela, il fait un ample mouvement qui amène la pulpe de sa dernière phalange sur la pulpe de chacun des doigts. Ce large mouvement est appelé la "grande course d'opposition" du pouce. Elle est beaucoup utilisée dans le jeu du violoncelle aux positions "du manche".
Dans le jeu du pouce-sillet, il reste à côté de l'index, et même sa première phalange est plus ou moins "collée" à ce doigt. Ce mouvement est une partie de la "petite course d'opposition" du pouce. Elle donne au pouce une ferme stabilité par rapport à l'index et donc au placement de la main. Cette petite course d'opposition se voit nettement sur un tableau qui représente Jean-Louis Duport en train de jouer à une position du pouce-sillet (tableau atrribué à Madame Vigée-Lebrun et qui appartient à la collection du grand pédagogue Dimitry Markevitch, que j'ai rencontré lors d'une master-classe qu'il a donnée dans ma région).
2 - Seconde observation de la prof finlandaise: le placement du pouce sur la seule corde de la permet de laisser tomber le poignet très bas
En fait, c'est le bras et l'avant-bras qui s'abandonnent à la pesanteur et qui provoquent le travail du pouce en étirement. Le poignet est alors très fléchi et l'avant bras vient toucher , pas presque toucher, la table, mais sans y prendre appui. (Cette prof a eu peur d'aller au bout de son raisonnement!)lilla mu a écrit :à toucher presque la table
Il y a de quoi surprendre ceux qui veulent à tout prix aligner la main et l'avant-bras lorsqu'on joue avec le pouce "sillet". Et l'on peut comprendre l'embarras de lilla mu en face de conseils contradictoires. En fait, les deux conseils ne sont pas contradictoirest. Ils sont complémentaires, ce que les profs ne savent pas expliquer faute d'une connaissance élémentaire de la biomécanique.
Les conseils de la prof finlandaise concernent le début d'apprentissage dans l'utilisation du pouce-sillet. Ils correspondent strictement à ce que j'ai appelé tant de fois le JEU BAS, c'est à dire à un jeu "en suspension", coude pendant.
A l'inverse, le jeu du pouce : main alignée à l'avant-bras, qui nécessite une importante élévation du coude, donc du bras, est ce que j'appelle le JEU HAUT.
Et ben voilà! C'est ce que dit la prof finlandaise
lilla mu a écrit :Elle voudrait que tout le bras soit placé différemment en quelque sorte
A mesure qu'on acquiert de l'habileté dans l'utilisation du pouce-sillet, on passe du JEU BAS au JEU HAUT. Si je ne craignais pas de surprendre et de choquer, je dirais que la prof finlandaise a échappé à "l'école française du violoncelle".
Dernier point de mon exposé: comment passer des positions du manche à celles du pouce-sillet de façon continue, sans enlever la main?
Ce sera encore par le JEU BAS, sur la corde de la, une seule corde à la fois, et coude tombant. On amène l'index à la quatrième position: note mi3, pouce placé dans l'arrondi du manche. Ensuite, en gardant l'appui de l'index à la corde, on déplace le pouce et on l'amène sur la touche, contre l'index.
La phase suivante consiste à substituer l'appui du pouce à celui de l'index, sans déplacement, mais toujours en situation de suspension du bras.
La phase finale consiste à faire glisser le pouce sur la corde jusqu'à son arrivée au la 3 (milieu de la corde comme chacun sait). En glissant, le pouce continue de soutenir le poids de l'avant-bras et du bras. Sa puissante musculature le lui permet aisément. (Le pouce est mobilisé par neuf muscles). On comprendra aisément que le retour de la position du pouce-sillet à la quatrième position se fait par la substitution de l'index au pouce pendant un glissement "descendant".
J'en termine en disant que Paul Tortelier, décidément esprit inventif, avait imaginé de faire creuser sur le bord de la touche, côté extérieur, une rainure longitudinale qui était censé guider le passage du pouce vers la touche. Ah, s'il avait connu le JEU BAS!
Pierre Lagoutte, chercheur en biomécanique appliquée au geste instrumental, tous instruments confondus.
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Bravo, cellosoleil! Les sept positions et tout le Feuillard en dix-huit mois alors que je te croyais encore aux quatre premières positions. Tu iras loin !pluscello... a écrit :C'est quelqu'un notre Cellosoleil quand même
Pierre Lagoutte, chercheur en biomécanique appliquée au geste instrumental, tous instruments confondus.
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Ben quoi ?
Mon prof est une tornade, d'accord (qui se ressemble etc ...) mais commencer le pouce avant la quatrième, quand même, je crois que ça ne lui serait pas venu à l'idée, c'est un pur produit du conservatoire !
Cela dit, pas folle la guèpe, quand je sens que j'ai mal, je fais autre chose et j'y reviens quand ça ne chauffe plus. Je n'ai aucune envie d'avoir une ampoule ! =
Mon prof est une tornade, d'accord (qui se ressemble etc ...) mais commencer le pouce avant la quatrième, quand même, je crois que ça ne lui serait pas venu à l'idée, c'est un pur produit du conservatoire !
Cela dit, pas folle la guèpe, quand je sens que j'ai mal, je fais autre chose et j'y reviens quand ça ne chauffe plus. Je n'ai aucune envie d'avoir une ampoule ! =
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De toute façon, personne ne peut être Jacqueline Dupré.
Chaque artiste est unique.
Par contre, je suis plutôt de l'avis de Xavier Gagnepain dans l'introduction de son livre.
En effet, je ne suis pas pour juger les gens, doués ou pas doués, car on peut toujours s'améliorer.
Celà ne dépend que de soi.
Chaque artiste est unique.
Par contre, je suis plutôt de l'avis de Xavier Gagnepain dans l'introduction de son livre.
En effet, je ne suis pas pour juger les gens, doués ou pas doués, car on peut toujours s'améliorer.
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- Stéphane
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Je ne sais pas, enfin, pour sa maladie, oui, bien sûr, le reste, sa vie avec Barenboim et tout, je ne sais pas. je ne lis pas assez bien l'anglais pour lire le bouquin dont a parlé BH. Si tu me traduis, je te fais le jury à TOUS tes concours, Bland' !!!
La vie des musiciens, les grands, n'est pas très drôle je crois, désolée pour tous nos aspirants pros ! Ceux que je connais sont tous un peu, comment dire, sur le fil du rasoir. Mais je ne connais pas de celliste pro !Ils sont peut-être plus zen que les violonistes ?
La vie des musiciens, les grands, n'est pas très drôle je crois, désolée pour tous nos aspirants pros ! Ceux que je connais sont tous un peu, comment dire, sur le fil du rasoir. Mais je ne connais pas de celliste pro !Ils sont peut-être plus zen que les violonistes ?
Modifié en dernier par cellosoleil le ven. avr. 07, 2006 4:45 pm, modifié 1 fois.