Disparition d’une grande figure du violoncelle en Belgique
L’AFV souhaite se joindre à l’hommage que la RTBF rend à Edmond Baert en ces termes :
“Le monde musical belge salue aujourd’hui la mémoire d’Edmond Baert, grande figure du violoncelle. Il s’est éteint à l’âge de 90 ans.
En Belgique, que vous soyez violoncelliste professionnel ou amateur, jeune ou moins jeune, la probabilité que votre arbre généalogique pédagogique vous relie directement ou indirectement à Edmond Baert est forte, tant son enseignement a fait des émules. Si vous l’avez rencontré ne serait-ce qu’une fois, vous vous en souvenez : son charisme, son sourire, ses conseils justes et clairement formulés étaient inoubliables.
Né en 1934 dans la région de Charleroi, il découvre le violoncelle dès l’âge de 6 ans et gravit quatre à quatre tous les échelons : étudiant au Conservatoire Royal de Bruxelles et à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth avant de devenir enseignant dans les deux établissements, violoncelle solo à l’Orchestre National de Belgique, chambriste de grande réputation jouant avec les plus grands. Il était un passeur, par ses professeurs et les collègues de sa jeunesse, entre la génération actuelle et ceux qui avaient vécu l’âge d’or de la musique en Belgique et joué, par exemple, avec Eugène Ysaÿe.
Après avoir assisté dès 1966 son professeur Maurice Dambois, il prend la succession de ce dernier au Conservatoire Royal de Bruxelles, devenant un pilier du monde musical belge et une vraie référence pédagogique. Il cultivera, pendant une trentaine d’années, une véritable pépinière de violoncellistes, et restera actif bien au-delà de sa retraite en 1997, continuant à prodiguer généreusement ses conseils à tous ceux qui frappaient à la porte de sa maison des Marolles à Bruxelles.
Il était un de ces professeurs qui n’ont comme grand principe que l’essentiel : d’abord, allumer la flamme chez leurs jeunes étudiants, ensuite, cultiver leur écoute par la patience et la clarté des consignes, avec beaucoup d’efficacité et de bienveillance et sans s’encombrer de grand discours. Lors de sa retraite en 1997 et de ses 80 ans en 2014, des concerts très festifs ont réuni d’abord ses ” filles et fils de violoncelle “, puis ont ajouté ses ” petites-filles et petits-fils “. Ils étaient tellement nombreux que la scène de la grande salle du conservatoire peinait à les recevoir toutes et tous.
Edmond Baert partageait son temps entre Bruxelles et le Médoc, où il recevait régulièrement nombre de ses amis. Il était encore présent en juin dernier, comme simple auditeur, aux évaluations de violoncelle du Conservatoire Royal de Bruxelles, écoutant les étudiants des professeurs qui ont pris sa relève, Marie Hallynck et Didier Poskin. L’œil était avisé, l’oreille toujours très aiguisée, l’humour jamais très loin, et la bienveillance en éveil.
Le monde belge du violoncelle est orphelin, mais malgré tout, ne peut s’empêcher de sourire en évoquant son souvenir.
S’il nous laisse au disque de trop rares témoignages de son art, il y fait état, à chaque note, d’une très grande classe et d’une humilité que beaucoup devraient lui envier.”